Les chercheurs en management comme les étymologistes peinent à définir clairement le long parcours du terme management. Il est cependant assez consensuel que le mot vient du latin manus, la main.
On retrouve sa trace en italien, dans le terme maneggiare, qui signifie manier. Il fait souvent référence à la manière de diriger un cheval au manège, à la fois guider (contrôler) et inciter à adopter la pleine et bonne allure. Ultérieurement, ce terme signifiera également manipuler, soit “utiliser correctement” une arme, un outil, mais aussi, dans un sens plus psychologique, “orienter les actions d’autrui selon ses propres souhaits”.
En français, le terme manus a donné ménager, qui signifie au XVIe siècle, “conduire son bien, sa fortune avec raison et ménagement”. Il s’agit alors d’ordonner de la bonne façon et de prendre soin, de ne pas exploiter excessivement.
Vers 1870, le terme management sera utilisé en Angleterre pour définir la conduite d’une entreprise. On le repère aux États-Unis, au début du XXe siècle, dans l’expression scientific management portée par des auteurs comme Taylor, mais aussi par le français Fayol. Le titre de l’ouvrage de ce dernier, Administration industrielle et générale, sera traduit par les éditeurs américains, malgré l’opposition des traducteurs, par Industrial and general management, conférant alors aux propos de l’auteur une portée réduite à l’entreprise, et non plus tournée vers l’ensemble des organisations.
Le terme management revient en France dans les années 1950. On y fait d’abord référence dans un contexte sportif (manager une équipe de sport), puis à nouveau dans le monde des affaires, avec les multiplications des voyages d’études des “colporteurs du management”, une expression qui fait référence à des groupes d’experts et de managers français, comme les 3 000 envoyés aux États-Unis dans les années 1950, qui ont étudié et diffusé les pratiques de gestion américaines.

La signification de management est donc plurielle et complexe. On trouve dans son étymologie tant la notion de contrôle que celle d’encouragement à avancer au bon rythme, ainsi que les notions d’organisation (bon ordre), de soin, voire de responsabilité (pas de surexploitation) et de manipulation efficace d’objets techniques, mais aussi potentiellement des esprits.
À partir des années 1930, l’école des relations humaines, avec des auteurs comme Mayo, Maslow ou McGregor, a voulu prendre le contrepied des excès du taylorisme, ce qui a conduit certains à voir dans le management une manière de libérer les énergies, et donc de le réduire aux interactions humaines, ce que les militaires ont longtemps appelé commandement et que l’on nomme désormais leadership.
Quelques définitions
Pour Raymond Alain Thiétart (2003), ménager, dont est issu le terme management, c’est “disposer, régler avec soin et adresse”, alors que manager est devenu « une action, un art ou une manière de conduire une organisation, de la diriger, de planifier son développement, de la contrôler qui s’applique à tous les domaines d’activité des organisations, qu’elles soient privées, publiques, à but lucratif ou non » (Méthodes et recherche en management, Dunod, 1999).
Pour d’autres auteurs, manager revient à assumer la responsabilité de quelque chose dont on n’est pas propriétaire.
D’autres encore font remarquer que les termes manège et manager présentent les mêmes origines, pointant du doigt un risque de manipulation des comportements que cela peut laisser sous-entendre.
Pour les sciences de gestion et du management, qui en font leur objet d’étude, le management est surtout une question d’organisation de l’action collective poursuivant une finalité (qui n’est pas nécessairement le profit, ou pas exclusivement). À ce titre, le management concerne toutes les organisations publiques et privées, commerciales ou non.
Un champ sémantique complexe
Le terme management est souvent traduit en français par le mot gestion, qui lui aussi remonte au latin. Mais d’autres termes lui sont connexes et en partie superposés : administration, organisation commandement, leadership…
Les sciences de gestion et du management
Les sciences de gestion et du management ont fait leur entrée à l’université française en 1968. Elles font partie des sciences sociales. On estime aujourd’hui que 20 % de l’enseignement supérieur assure directement des formations en lien avec la gestion et le management.
Elles rassemblent de nombreux champs disciplinaires (la gestion stratégique, l’organisation, la gestion commerciale et marketing, la gestion des ressources humaines, le contrôle de gestion, la gestion logistique, la gestion des systèmes d’information…). Ces disciplines ont tendance à s’autonomiser à mesure qu’elles se spécialisent : la gestion financière se revendique finance, la gestion commerciale et marketing se revendique marketing, etc.
Comme toute science, les sciences de gestion et du management organisent par la communauté des pairs les divers processus de création de connaissances académiques sur les divers aspects de la gestion et du management, ainsi que le contrôle de la rigueur du recueil de données et leur interprétation.
